Les dégâts racontés par les riverains
L'industrie au fil de l'eauL'eau destructrice inondations 1971
 

Les dégâts des riverains du ruisseau des Gorges

Interview de :

  • BESSOUD-CAVILLOT Lucette&Raoul
  • BROTEL Louis
  • MOYET Christian
  • MOYET Maryse


Ce ruisseau, vient de Montaud, passe au Poyet, à la Terrasse puis à Romanetière, et se jette au canal au niveau du pont de l’Azine.
Après des pluies diluviennes dans l’après-midi, le ruisseau des gorges s’est mis à grossir très rapidement, et à charrier des grosses pierres que l’on entendait rouler sous les flots de plus en plus importants. En peu de temps le lit du ruisseau s’est rempli, les ponts ont été bouchés, par des troncs d’arbres et des souches. Le ruisseau devenu torrent impétueux, a alors inondé les maisons le bordant à la Terrasse, puis les maisons de Romanetière ainsi que la route nationale 532.
A la Terrasse les maisons BESSOUD-CAVILLOT ont été les plus touchées, à Romanetière l’eau a envahit les maisons, les sous-sols et les caves. L’entreprise d’aliments pour bétail MOYET a été aussi inondée, et a subi de gros dégâts.
A Romanetière les maisons BROTEL, CHEVALLIER, MOYET, NUGUES et GROULT ont eu beaucoup de dégâts au rez de chaussée, sous-sols et cave.
Chez BROTEL Louis qui avait une activité avicole, la cave était réservée à l’entrepôt des œufs, et au calibrage de ces derniers. En peu de temps il y avait plus d’un mètre d’eau, et la famille a juste eu le temps de sortir la calibreuse et quelques caisses d’œufs. Les deux poulaillers situés en bordure du ruisseau ont été inondés, mais les poules ont pu grimper sur les perchoirs et il n’y a eu que très peu de poules mortes. Il n’y a eu que du nettoyage à faire.

Chez BROTEL Jean qui exerçait une activité de tournage sur bois et de fabrication de manches, le garage servait aussi d’entrepôt, pour les manches. L’eau est rentrée par la fenêtre amont, et les portes s’ouvrant sur l’extérieur, ont cédé à la poussée des eaux, et beaucoup de paquets de manches ont été emportés ; le véhicule de livraison a été noyé.

Les Ets MOYET ont eu de gros dégâts, stock de marchandise noyé, installation électrique partiellement détruite ; des amis, des clients et l’armée ont dû leur prêter main-forte pour les  aider à nettoyer la boue qui avait envahi toute l’usine. L’entreprise à dû faire appel à des concurrents et amis, pour leur fournir les farines nécessaires pour continuer à livrer les clients chez qui les animaux devaient recevoir leur nourriture quotidienne.

Pour l’activité avicole de Mr. Christian MOYET les dégâts ont été peu importants, car les poules se sont réfugiées sur les perchoirs, et l’eau est entrée par les portes amonts, et ressortie par les portes avales. Par contre l’eau qui s’était accumulée au bas du parc a renversé le mur qui n’avait que peu de fondation et n’était pas armé.
Les familles qui ont eu le plus de dégâts, étaient bien entendu, celles qui avaient l’habitation au rez-de-chaussée, car il n’était pas rare d’avoir un niveau important d’eau dans les pièces du bas.
Toutes les maisons et les bâtiments annexes, de ce secteur ont été nettoyés, et ont pu retrouver leurs fonctions initiales.
A part, la maison des BESSOUD-CAVILLOT qui faisait l’angle du chemin, et qui a du être détruite tellement les dégâts étaient importants.
Lucette et Raoul BESSOUD-CAVILLOT nous racontent :
« Lucette et sa belle-mère Lucienne faisaient les confitures, tandis qu’Eric et sa cousine Claire mangeaient le fromage blanc. Brusquement l’eau a commencé à rentrer par le vasistas au fond de la pièce, ils durent quitter précipitamment la cuisine et se réfugier chez des voisins.
Raoul revint un peu plus tard et à sa stupéfaction un trou béant s’était creusé à la place du chemin juste devant la façade de la ferme, il aurait pu contenir toute la ferme qui était un bâtiment important. Le lendemain matin, quand Raoul vint constater les dégâts l’énorme trou était bouché et il fallut même avoir recours à un tractopelle pour enlever les deux mètres de gravats qui s’étaient amoncelés devant la porte et les volets, pour pouvoir rentrer dans la maison ».


La villa des FOROT, famille des BESSOUD-CAVILLOT étant en construction, dans un endroit surélevé derrière la ferme n’ayant pas été touchée ; et le gros œuvre étant achevé, ils purent aménager le garage, et ils « campèrent » pendant environ trois semaines dans ce local provisoire.
Chez la famille Francis BESSOUD-CAVILLOT le rez-de-chaussée a été aussi inondé, mais après avoir couché chez des amis ils purent rapidement revenir à la maison.
 
L’entraide, de la famille, des voisins, amis, et des bénévoles a été très importante     
Quelques familles dont les maisons étaient les plus touchées, ont été hébergées par les voisins ou de la famille, car ils avaient peur que les fondations des maisons soient déstabilisées, par les flots boueux qui butaient contre les bâtiments. Des personnes ont amené des bidons d’eau, car les canalisations avaient été coupées à certains endroits ; des paniers de légumes à ceux que le jardin avait été détruit, etc. …


Le lendemain le soleil étant de retour, très vite les sinistrés ont dû se mettre au travail pour dégager cette boue qui avait tout envahie. Des dégâts très importants sont apparus, au fur et à mesure du déblaiement et du nettoyage.
Les terrains bordant le ruisseau, étaient pour beaucoup des champs de noyers, il n’y a pas eu beaucoup de dégâts si ce n’est que beaucoup de pierres sont venues couvrir ces terrains déjà caillouteux. Pour les jardins ou les cours d’habitation le travail a été beaucoup plus important,
et il a fallu de long mois pour qu’ils retrouvent un aspect agréable.
Le lit du ruisseau, ainsi que les ponts ont été assez rapidement dégagés, par des entreprises de travaux publics, qui ont ensuite retirées une partie des pierres, et des détritus qui s’étaient  déposés dans les champs, et que l’on avait aussi sorti des maisons, granges, etc…Les chemins ont été aussi dégagés et la circulations a pu être rétablie.

En résumé dans le secteur du ruisseau des gorges, les dégâts ont été très importants, et ont laissé des traces pendant longtemps, la solidarité a bien joué. Heureusement il n’y a pas eu de perte humaine, mais quelques personnes ont eu beaucoup de chance.
Aux Ets MOYET, les ouvriers  qui étaient dans l’usine au moment de l’inondation,  on dû traverser le ruisseau sur une échelle jetée en travers du lit par Mr. GONON René, pour rentrer chez eux.
 Madame MOYET Germaine a été emportée, par les flots en essayant de rejoindre sa maison, mais a été retenue par une clôture et sauvée in extrémis.   
 Christian BROTEL qui avait 16 ans et qui aidait ses parents a déménager la cave, était retourné dans le local sans le dire à sa famille, il s’est trouvé piégé lorsque que la porte s’est refermée brusquement par la poussée des eaux, il a dû sa survie au vasistace qu’il y avait au fond du local, et par lequel il a pu se sortir de cette mauvaise situation.
Monsieur BLANC Emile qui tentait de traverser le ruisseau à la Terrasse a été emporté, et s’est rattrapé de justesse à la barrière du pont.
Ce ne sont que des situations que l’on nous a racontées, mais nous pensons qu’il y en a eu d’autres.

Propos recueillis par Jean-Claude BROTEL